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 Interview de Jean-Paul DUPUY (dit « Polo la science »)

Polo, Claudy et Maëva devant le LSC lors de la préparation de l’Interview

Polo : présentation du surfeur sportif passionné

See Surf : Bonjour Polo tout d’abord, See Surf te remercie d’avoir accepté de répondre à ses questions.

Peux-tu te présenter brièvement ?

Polo : « Bonjour, Je suis Polo, j’ai 72 ans, retraité célibataire et ancien secrétaire du LSC (de 1989 2006).

Je suis un surfeur passionné et j’ai ma licence en tant qu’adhérent au Lacanau Surf Club (LSC) depuis 1978.

J’ai filmé les premiers Lacanau Pro (ndlr : à l’époque Polo travaillait pour la société Sdrm et vendait des caméras. Dès avril 1978, il a commencé à filmer les premières compétitions du Lacanau Pro).

J’ai attendu 46 ans pour gagner une compétition de surf puisque je suis vice-champion de surf (vétéran) (en 1991) et deux fois champions de Gironde (vétéran).

Les canaulais le savent, j’aime le surf old school et je surfe avec mon longboard 9 Escape du mois de mai jusqu’à la fin du mois de novembre (selon les conditions).

Je pratique également le tennis (ndlr : en 1970 et 1971 : il a notamment participé à une rencontre amicale entre le tennis club de Kourou et le tennis Club do Para (Belém-Pará) au Brésil et le golf (ndlr : il a sa licence golf et participe à des compétitions).

 

Polo au tennis Club de Kourou

Polo en slamon skate en 1979 à Saintes

 

 

Je suis également passionné de l’aviation, passion que je partage avec mon ami Laurent Aigon (ndlr : Laurent Aigon a fabriqué chez lui, dans la chambre de ses enfants un simulateur de vol de Boeing 737, un exemple d’Interview des deux hommes sur l’URL : http://www.dataero.fr/polo-laurent-home-cockpit/). J’ai même fait une pub Google avec lui (diffusée entre décembre 2013 et janvier 2014) !

(ndlr : Lorsque Polo commence quelque chose il s’investit entièrement. En effet, les sports qu’il pratique ou qu’il a pratiqué sont/ont toujours (été) réalisés dans le cadre d’une pratique fédérale).

 Enfin, je suis aussi le parrain de Topa Crew (ndlr : Topa Crew est un groupe de copains passionnés de l’océan, de surf, de musique et de bons délires. Ils ont une page Facebook qui est consultable sur l’URL : https://www.facebook.com/topacrew/) ».

(Ndlr : Polo est connu de tous les canaulais et durant l’interview, de nombreuses personnes qui entraient et sortaient du Banana Surf Café sont venues le saluer (en passant, on y mange toujours aussi bien !))

 

See Surf : Peux-tu nous expliquer ton surnom « Polo la science » ?

Polo la science :  (ndlr : Il sourit avant de nous répondre).

« Je pense que c’est dû aux différences d’âge entre les nouvelles générations. De plus, de 1969 à 1973, j’étais agent technique électricien au centre spatial guyanais à Kourou et j’ai pas mal voyagé donc ça doit être l’explication (…).»

 

See Surf : On sait que tu vis sur Lacanau océan, depuis combien de temps maintenant et pourquoi Lacanau-Océan?

Polo : « Avant de m’installer sur Lacanau-Océan, j’habitais Mérignac et en 1978, je venais skater avec des amis sur le front de mer de Lacanau face à la Résidence Océanides.

En 1977, je me suis acheté un combi, beige pour venir surfer à Lacanau-Océan puis un an après, j’ai pris ma licence au LSC (ndlr : le LSC est la deuxième école de surf française créée sous l’initiative de Serge Roy (après celle de Jo Moraïz à Biarritz) et parmi les premiers adhérents, on peut citer Gisèle Bidon, Francis Boutrois, Alain Etchart, Paul Feletou, René Guillet, Jacques Hèle, Michel Jurion, Francis Maugard, Thierry Organoff ou encore Jean-Charles Tauziat).

À l’époque Thierry Organoff, est avec Gérard (ndlr : Gérard Depeyris (figure incontournable du surf à Lacanau-Océan et shapeur depuis plus de 35ans)) le premier moniteur de l’école du LSC puis arrivera Bernard (ndlr : Bernard Lacau, également figure incontournable du surf à Lacanau-Océan).

À l’époque j’habitais Mérignac puis à partir de 1989, je me suis définitivement installé à Lacanau-Océan. »


Polo sur une vague avec son fameux longboard orange (photo de Julien Lestage)

See Surf : Peux-tu nous dire depuis combien de temps pratiques-tu le surf maintenant ?

Polo : « J’ai commencé le surf en 1978. Initialement, je skatais avec les copains de Bordeaux à Mériadeck, à l’époque j’avais 33 ans. Ils avaient installé une rampe en bois. J’ai été le premier à la rider d’ailleurs. Mais elle a vite brûlé (trop de nuisances sonores).

J’avais des amis sur Lacanau-Océan qui skataient et surfaient comme mon ami Francis (ndlr : Francis Maugard, ancien médecin, peintre et poète est l’un des premiers surfeurs français (sur Biarritz) et il a, avec Jacques Hèle, introduit le surf à Lacanau-Océan dans les années 60) ou mon ami Thierry (ndlr : Organoff, ancien surfeur pro, fait partie des créateurs du LSC et est devenu à partir de 1986, reporter et photographe professionnel pour Surf Session puis par la suite pour d’autres grands magazines), je les retrouvais pour skater et j’ai fini tout naturellement par les suivre à l’eau.»

See Surf : Tu as travaillé au Lacanau Surf Club (LSC) de 1989 à 2006, peux-tu nous dire quel poste occupais-tu ?

Polo:  « J’étais secrétaire, employé au LSC. Mon rôle concernait tout ce qui était administratif dans la gestion de l’école, du personnel (…). »

 

 

 

 

Polo dans son premier bureau La Tour en Front de mer en juin 1989

 

See Surf : On imagine que tu as tout un tas d’anecdotes sur tes années de surfeur à nous raconter, en aurais-tu une en particulier à nous faire partager ?

Polo : « Oui j’en ai beaucoup. Il y a par exemple celle en 1989 durant le 1er Quiksilver Pro. À l’époque, j’étais chargé d’inscrire les pro (100$) et un jeune surfeur pro australien, Jason Buttenshow me paie son inscription en traveller chèque sauf qu’il oublie de les contresigner (donc non payable en banque). Je le mets de côté. Le temps passe un peu. En hiver 1990, je pars en Australie retrouver des copains sur la Gold coast et je les prends avec moi (on ne sait jamais). On part surfer à Kirra  près de Coolangatta beach,  et là, je vois un mec surfer hyper bien avec des vagues d’un bon mètre et je m’aperçois que c’est Jason Buttenshow! Il sort de l’eau, je lui sors le traveller chèque à signer. Il a été surpris de me voir mais le signa quand même.

Autre anecdote, c’est toujours sur la Gold coast sur le spot de Kirra, je surfe une super droite, je sors de l’eau, je marche avec ma planche et là j’entends « hey tonton ! » c’était un ami de Lacanau !

Enfin, une dernière anecdote qui aurait pu mal se finir pour moi, c’est celle avec le surfeur hawaïen Sunny Garcia (ndlr : grand surfeur pro et notamment champion du monde de surf (en 2000) et six fois vainqueur de la Triple couronne). Lors d’une compétition, ses planches ont été perdues. Il était très en colère et a voulu me frapper car j’étais en charge d’une partie de l’organisation. J’ai vu son poing de très près ! L’histoire s’est terminée dans le bureau du LSC. Il s’est excusé et a été sanctionné de 800 points par l’ASP (ndlr : c’est l’ancienne dénomination de la WSL (World Surf League)).»

Polo en surftrip

See Surf : Quelle est la plus belle rencontre faite en tant que surfeur ?

Polo : « C’est celle de Gary Elkerton (ndlr : surfeur pro australien, trois fois champion du  Monde Surf Master (2000, 2001, 2003), deux fois vice-champion du Monde professionnel de surf (1987, 1990 et 1993) et deux fois champion de la triple couronne (1987 et 1989) et ancien membre d’honneur du LSC). Il a vécu à Lacanau-Océan car il est marié à une Française.

Il surfait avec moi dans l’eau et là je prends une belle droite. Il me crie « Polo ! » et me félicite, ça m’a beaucoup touché !

Depuis ce temps, il est retourné vivre en Australie

Enfin, il y a ma rencontre avec le surfeur pro Nat Young (ndlr : Robert Harold Young dit « Nat Young » célèbre surfeur pro australien, champion du monde en 1966 et 1970) qui a m’a dédicacé son bouquin.

 

See Surf : On sait que tu as réalisé de nombreux surftrips. Pourrais-tu nous dire quel est spot tu as le plus aimé et celui où tu as eu le plus peur?

Polo : « Le spot où j’ai eu le plus peur, c’est le spot de super tube à Peniche au Portugal, (vague très puissante).

Le spot que j’ai le plus aimé ? C’est en 2000, j’ai surfé une magnifique droite d’1m50-2m avec Bruno Jovelet la droite entre le poste nord et la nord à Lacanau-Océan et je l’ai revécu en 2002. »


Polo à la Nord de Lacanau-Océan en juillet 2000 (photo de Dominic Perroud)

Polo, le handicap et See Surf :

Polo sur la plage donnant des explications pour aider un see surfeur à trouver ses appuis lors d’une journée See Surf

See Surf : Quel regard portes-tu sur le surf et le handicap en général ?

Polo : « Pour moi, il y a beaucoup de respect à avoir. Cela me paraît normal que les handicapés aient accès à la pratique du surf !

Pas de raison que les personnes handicapées ne puissent pas pratiquer le surf !

C’est génial de pouvoir les aider à les rendre heureux ! Tu les vois rire, sourire, être contents, ça n’a pas de prix !

Pour moi, j’ai la chance d’avoir mes yeux et je fais tout pour les conserver et préserver mon corps. Je les comprends tout à fait.

Ça rend humble de les voir surfer !» 

 

See Surf : Comment as-tu découvert See Surf ?

Polo: « J’ai découvert See Surf car je suis membre du LSC.  Je connaissais les sensibilisations faites par Vagdespoir et Ismaël Guilliorit car au début, j’y ai été très modestement impliqué.»

Polo en action avec un see surfeur

See Surf : Peux-tu nous donner ton avis sur l’engouement qui règne tout autour de nos journées ?

Polo: « Super organisation, c’est très convivial, ces journées sont du partage, du plaisir de se retrouver et en plus autour d’une bonne pizza !

Au début, on était 15-20 bénévoles maintenant environ 65-70 personnes ! »

 

See Surf : Que penses-tu du rôle social que See Surf apporte en termes de valeur et de mixité ?

Polo: « See Surf, c’est une asso multigénérationnelle, un esprit d’équipe incroyable, une réelle intégration et une bonne communication vis-à-vis des non-initiés, j’invite tout le monde à rejoindre cette asso. »

Photo de groupe lors d’une journée See Surf 2016

See Surf : Que t’apportes sur un plan émotionnel et sur un plan personnel les actions de See Surf ?

Polo : « Pour moi, c’est d’abord un plaisir, une joie de donner du bonheur aux mal ou non-voyants et de leur permettre de pratiquer le surf et de pouvoir les transmettre ta passion.

Voir un enfant qui crie sa joie en sortant de l’eau, ça n’a pas de prix ! »

 

See Surf : Comment trouves-tu la détermination de nos see surfeurs à vouloir se dépasser ?

Polo: « Ils sont toujours motivés et ils ont une réelle détermination et l’envie de progresser ! »


Lou qui surfe lors d’une journée See Surf

See Surf : En termes d’adaptation de matériel, de pédagogie, de préparation, aurais-tu des conseils à nous donner afin d’améliorer nos journées ?

Polo : « Il faut des grandes planches limite des SUP (Stand-up paddles) car certaines personnes ont une corpulence assez forte et il faut des planches en mousse, ce que vous utilisez actuellement.  

Il faut aussi une bonne logistique mais vous l’avez !

Peut-être pour les repères au niveau des mains, il faudrait des sortes de pad que l’on pourrait mettre et retirer facilement ou une wax d’été qui colle bien. »

 

See Surf : Quelle évolution notable as-tu pu constater depuis ton arrivée à Lacanau, et en termes d’inclusion des personnes handicapées dans la pratique du surf à Lacanau ?

Polo :« La ville est précurseur avec Vagdespoir et See Surf, on voit bien que la commune est sensibilisée et s’adapte au handicap. »

 

See Surf : Penses-tu que le rôle du Lacanau Surf Club (LSC) en tant qu’acteur fédéral est primordial concernant l’inclusion des personnes handicapées dans une pratique globale ?

Polo : « C’est important car le LSC est une vitrine de notoriété, c’est un des plus grands clubs ! Lacanau est, avec Biarritz un lieu incontournable du surf en métropole ! La dynamique des dirigeants du LSC ont fait la réputation du club, c’est donc important qu’ils nous soutiennent ! »

 

See Surf : À See surf, on croit fortement à la possibilité pour des surfeurs non ou mal-voyants d’accéder aux compétitions, penses-tu que cela est réalisable ?

Polo : « Tu as les JO handisport mais pour l’instant, il n’y a pas de surf. Cependant, le surf va être olympique il n’y a donc pas de raison que ça ne soit pas intégré aussi !

Mais il va peut-être falloir se battre pour !

Il faudrait des préparations physiques et techniques pour être opérationnel or sur le plan local ça n’existe pour l’instant pas. »

 

See Surf : Et justement, dans l’objectif de la candidature de la ville de Lacanau  et  du Lacanau surf club (LSC) à recevoir les olympiques de surf, et on le souhaite également d’handisurf,  en 2024. Serais-tu prêt à donner du temps, pour encadrer un see surfeur en vue d’une éventuelle préparation aux compétitions handisurf ?

Polo: « Oui bien sûr ! »

 

See Surf : En cinq mots comment qualifierais-tu See Surf ?

Polo: « Amitié, convivialité, autonomie, esprit d’équipe, partage »

See Surf : Pour toi que signifie la devise de See Surf « Avec le surf tout est possible » ?

Polo: « Elle est géniale, tout à fait adaptée ! Le surf que tu sois valide ou pas, quand tu as un problème, tu vas dans l’eau et surfe et quand tu ressors de l’eau, tu l’as pour un moment oublié et tu es serein. De plus, l’océan est un élément toujours en mouvement et ce n’est jamais le même. C’est un sport qui fait rêver ! »

 

See Surf : Pour conclure Polo,

Le mot de la fin est pour toi Polo,

Souhaiterais-tu ajouter une dernière chose ?

Polo : « Pour moi, il y a un super slogan  qui est « surfing is 100% natural » car il faut juste une planche et des vagues !

Enfin, il faut rester humble et toujours respecter la nature. »


Polo à la Nord de Lacanau-Océan en juillet 2009 (photo de Djé Surf photos)

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